Poisson lune

Poisson lune.


Un prince refusa de siéger sur son trône,
Trop pleutre et fainéant pour gouverner un royaume.
Trop honnête, pour se culotter à l’envers,
Plutôt troubadour, que fils du roi Dagobert. 

Alors que « Saint Pierre » le vouait aux croisades,
Le Dauphin préféra une ultime escapade.
Au grand large, loin des bourrasques du pouvoir,
Mais en proie pour les requins et le désespoir, 
Le prince alla demander l’exil à Neptune,
Qui le transforma aussitôt en poisson lune.

Lune poisson du cosmos, poisson du zodiaque.
Prince venu de Patmos, île sans monarque. 
Saluant, courtois, le poète et le marin,
Qui voguent chacun, vers l’horizon incertain. 

Mais l’encre de seiche qui écrit l’odyssée,
Sur la page blanche, par la houle froissée,
Inonde l’océan d’un bleu roi, d’un gris froid.
Inonde l’abîme abyssal de mes effrois.
Aux confins sans limite de mon infortune,
Me sourit la promesse de mon poisson lune. 
  
Promesse d’un vaste océan d’imaginaires,
Où les baleines chantent en cœur leur prière.
Du tréfonds des abysses, sombres cathédrales,
Là où se murmurent l’amertume et le mal. 

En ces lieux où le prélat est une murène,
Les courtisanes sont des joyeuses baleines. 
Je ne peux m’éterniser dans ces profondeurs,
Manquer d’air est mauvais pour l’esprit et le cœur.
Je ne voudrais pas que l’impétueux Neptune,
Me métamorphose en adipeux poisson lune.

Sage des mers qui me salue de sa nageoire,
M’invite à découvrir une nouvelle histoire.
Une odyssée encore secrète à écrire,
A ranger sur l’étagère des souvenirs.

Livre aux pages écrites à l’encre de Chine.
Atlas de mes songes, de mes cartes marines.
Le bon cap m’épargnant tout écueil de mes peurs.
Pour un rendez-vous qui ne fixe pas son heure.
Avec toi mon précieux compagnon d’infortune,
L’ami unique et singulier, mon poisson lune. 


Christian Castelli 
Singe Vert

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