Armateur

Armateur.

Un vieil armateur riche en deniers et en âges,
Pauvre en avenir, craint l’horloge et le naufrage.
Alors que « Gounod » lui chante, Faust à l’oreille,
Il supplie Méphisto, de lui faire merveille.

Seul un bûcher grandiose fait jour à la nuit.
Nabab des mers, au prince de l’ombre, est soumis.
Au feu du reniement, aïeuls et descendants,
Offrent aux démons, une pieuse odeur d’encens.

Nul ravis d’offrir à l’armateur, l’éternité,
Satan lui offre trois magnifiques voiliers.
Pour qu’il devienne sont estafette des mers,
Son messie des océans dominant la Terre.

Le premier vaisseau à  la voilure sanguine,
Délivre dans les royaumes,  rats et vermine.
Débarquant dans chaque port discorde et violence,
Quand le vin devient aigre et le pain devient rance.

Voiles rouges claquent au vent…
Ivrogne et glouton se provoquent en duel.
Voiles rouges claquent au vent…
Catin vent son corps pour quelques fines dentelles.
Mouette crie aux noirs nuages…
La frégate au phoque de pourpre, prend le large. 
Laissant à quai, prévôts, escrocs et flibustiers.
Et la mouette dans le brouillard disparaît.   

Sort de la brume le navire aux voiles noires.
S’agite la forte houle du désespoir.
Qui envahit le cœur et égare l’esprit,
L’amour devient poison, la mort devient envie.

Voiles noires claquent au vent…
Les champs sont déserts, maisons et châteaux sont vides.
Voiles noires claquent au vent…
Le guerrier qui survit, à l’épée se suicide.
Mouette crie aux blancs nuages…
Le navire sans équipage, prend le large.
Laissant à quai, un vieux soc de charrue rouillé.
Seule la mouette reste ici bas pour crier.

Vogue au large un trois mats à la blanche voilure.
Voyage infinie, sans horizon ni futur.
A sa barre, l’armateur délivré du temps,
A sa barre, le damné prisonnier du vent.

Voiles blanches filent au vent…
L’armateur reste seul, sans histoire et sans âge.
Voiles blanches filent au vent…
Ni vieux, ni jeune, ni horloge, ni naufrage.
Je m’envole vers l’horizon…
Ce marin de mer calme, restera sans nom.
Le vieil Homère rappelle à lui, son jeune Ulysse
Qui au-delà des conquêtes et des supplices,
Voguera sur l’océan de notre mémoire.
Ni marin, ni poète, je ferme l’écritoire.

Christian Castelli
Ed2 "SINGE VERT"

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Pluie noire

Cactus

L'oiseleur