Rictus

Doux rictus sur visage d’ange,
Ailes pliées, bras grands ouverts,
Démon en habit de lumière.
Je lui dis « non », ça le dérange.
Il sacre « roi », tous ces bêlants,
Sur des chèvres et des moutons ;
Pour tondre l’âme et la toison,
Des jeunes brebis du printemps.
De sa corne d’abondance,
Fruits d’or et pétales de rose,
Discours d’amour aux milles proses.
Tu dis « non », et ça l’offense.
Magicien d’ombre et de lumière,
Divinité de nos malheurs,
Monarque de nos courtes heures.
Nous disons « non », et c’est la guerre.
Il transforme les roseraies,
En épais maquis de broussailles,
Champ de fleurs en champ de batailles ;
Mensonge en pieuse vérité.
Il est vicaire de profanes,
Apothicaire de nos âmes ;
Tenancier des lieux de prières,
Faux prophète de vraies misères.
Le ministre de peu de foi,
Couronne notre dieu en roi.
Brûle les champs blonds de nos rêves,
Abreuvant le sol de sa sève.
La sève fielleuse et fétide,
Qui ruisselle des cœurs cupides.
Jarres d’aisance pour démons,
Vinaigre d’homme sans renom.
Le lait maternel frelaté,
Qui abreuve le nouveau né.
L’homme futur, un prédateur,
Qui doit sa survie à la peur.
Dans son désert, désemparé,
Bel animal dénaturé,
Il cherche Dieu dans sa mémoire ;
A genoux en quête d’espoir.
Lui apparait comme réponse,
Un rictus sur visage d’ange.
Le ciel d’azur enfin se fonce ;
Est-ce un démon ou bien l’archange ?
Ailes pliées, bras grands ouverts ;
L’avenir de l’homme est sous terre.
Christian Castelli
Ed2 "Singe vert"
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