Pierrot

Homme sans bien, homme sans toit ;
Au pays vilain des bons rois.
Bien que mulots et musaraignes
Se partagent de grandes plaines.
Pierrot le clodo vagabond
Dort à l’ombre froide d’un pont.
Lui l’étranger porteur de peste,
L’homme que les prévôts molestent.
Bien qu’hirondelle dans son ciel,
Déploie tout à loisir ses ailes.
Pierrot le clodo vagabond
Marche à pas lent vers l’horizon.
Le nomade que nous détestons,
De nos villes nous le chassons.
Quand filou goupil le renard,
Chaparde sans se faire voir ;
Pierrot le clodo vagabond
Se contente d’un vieux crouton.
Où vignes donnent leur liqueur,
L’homme devient un prédateur.
Chasseur tue la bête des bois,
En contrée des seigneurs et rois.
Où le blé donne son soleil,
Pantins en uniforme veillent.
Au chemineau ; messieurs, mesdames ;
Sourit une fleur de belle âme.
Pâquerette au bord du sentier,
Au clodo, sans être gênée ;
Offre un cœur d’or bordé de blanc.
Humble comme la fleur des champs.
Au chemineau ; messieurs, mesdames,
Vous promettez, enfer et flammes.
Serriez-vous dépourvus de cœur ?
Alors que comme cette fleur,
Epanouie au soleil d’été ;
Vous fanez au bord du sentier.
La pluie qui tombe sur le blé,
Tombe aussi, sur l’herbe des prés.
L’épi trop arrosé pourrit.
Alors que le chiendent verdit ;
Pierrot le clodo vagabond
Ecrit dans le ciel son prénom.
Pour que l’ange ne l’oublie pas,
Au grand hiver de son trépas.
Christian Castelli
Ed2 "Singe vert"
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