« Pêche miraculeuse »

« Pêche miraculeuse »

Un ange étourdi vient se briser les deux ailes,
Sur le toit de mon cabanon construit en livres.
J’offre le gîte à ce messager éternel.
« Soyez seigneur, mon invité et mon convive ».

L’ange affamé se nourrit de ma poésie.
Feuilletant mon modeste abri, mon univers,
Ces poèmes qui sont écrits à l’eau de pluie.
L’ange se nourrit ainsi de toute misère.

N’étant pas un ange, je ne vis pas d’eau fraîche.
Et je vais au cœur de la nuit chercher pitance ;
Au bord de l’étang, armé de ma canne à pèche.
Large tache d’encre, miroir d’incandescences.

Sur l’hameçon, j’accroche mon cœur comme appât.
A défaut de poissons je pêche des étoiles.
A ma ligne, j’y attache l’amour de soi.
De l’encre, je pêche des grenouilles vénales.

J’appâte le poisson avec de la colère.
L’encre bleue devenue noire, crache des flammes.
Haine et colère sont les leurres de l’enfer.
Jalousie sur hameçon pêche tous les drames.

Rentrant bredouille et déçu, à mon cabanon,
J’apprends avec joie que l’ange s’est envolé.
Ayant pour lui tout l’univers comme horizon.
Je garde en souvenir une plume froissée.

A l’aurore, une roucoulante tourterelle,
En son bec innocent une pièce en argent ;
M’invite à une nocturne pêche nouvelle.
Je jette comme appât la pièce dans l’étang.

D’où je remonte bien ferré, l’astre lunaire.
Que je range dans un poétique bréviaire.

Christian Castelli
Ed1 "SINGE VERT"

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Monsieur De Gouttière

Octobre

Bissextile