Mendiant;

Mendiant ;

Grande dame drapée de gloire,
Se détourne de ton regard.
De grands rois furent ses amants.
Des princes furent ses enfants.

Tu es assis sur ce trottoir,
En compagnie d’un chien bâtard.
Fils de reine ou fils de catin,
Tu mendies un croûton de pain.

Tes champs fleuris sont clôturés,
De fils de fer, de préjugés.
Les fruits de l’arbre sont trop verts,
Pour un mendiant au cœur précaire.

Grande dame drapée de gloire,
Sort en politique ce soir ;
Au bras croulant d’un vieux banquier.
Galanterie au grand palais.

Muse fade des biens pensants,
Elégante pour élégants,
Bien vêtue de prêt à penser,
D’une obole fait charité.

Ame pauvre, âme invisible ;
L’ombre rôde d’hommes nuisibles.
Ces diables de lois et décrets,
Dans les lits de soie sont couchés.

Ils honorent de leurs ardeurs,
Dans la couche du déshonneur,
Cette noble croupe incendiaire ;
Mère indigne de tant de guerre.

Tu es assis sur ce trottoir,
En compagnie d’un chien bâtard ;
La main tendue, la faim au ventre.
« Ah ! Ça iras », la femme chante.

Jadis, tu servais sa noblesse,
Par ton labeur et ta jeunesse.
Jadis tu chantais ses honneurs,
Taisant dans ta chair, tes douleurs.

Seule dame drapée de noir,
Remarque ton triste regard.
L’œil sans âme, elle tend sa main,
Lorsque tu grelottes de faim.

Tu as rendez-vous avec elle,
A l’ombre d’une passerelle ;
Traversant le cours de l’oubli.
Reflet de mort, reflet de vie.

Christian Castelli
Ed2 "Singe vert"

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