« Lulu la godasse »

«  Lulu la godasse »

J’endure le froid de la rue,
Je suis « Lulu » qui a tout vu.
J’appelle la semelle ouverte ;
Pour raconter mes découvertes.

Mais qui peut donc s’intéresser,
A la grole ratatinée ;
Qui fait une large grimace ;
C’elle d’une vielle godasse.

J’étais la coquette au cirage,
La vagabonde aux grands voyages,
La randonneuse sans frontière,
Le godillot du « reporter ».

J’ai parcouru le monde entier,
Toujours fidèle au même pied ;
Quelque soient, les chemins, les routes,
La course, la marche et le doute.

J’ai rencontré des sandalettes,
Des va-nu-pieds et des starlettes.
Des talons aiguilles vernis,
Des pantoufles aux pieds du lit.

J’attends dans le froid de la rue.
Je suis « Lulu » qui a tout vu.
Condamnée par l’indifférence,
La semelle ouverte au silence.

Un museau vient me renifler,
En mordillant mes vieux lacets,
L’ignorant des bonnes manières,
Est un pauvre chat de gouttière.

Il est le seul que j’intéresse,
Pour une piètre impolitesse.
C’est mon dernier crie de godasse,
Avant qu’enfin, on me ramasse.

Pour un voyage en camion benne ;
Là où je baillerai sans peine,
Au royaume de la chaussure ;
Sur un tas populeux d’ordures.

A titre posthume ;
Le poète écrira :
« Lulu et morte la bouche ouverte ».

Christian Castelli
Ed1 "SINGE VER"

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