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Pluie noire

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Pluie noire. Une pluie noire tombe sur la ville grise. Les cyprès arrogants accueillent les rapaces. Les tristes veuves vont pleurer dans leur église. L’orphelin cherche son reflet dans la bouillasse.  Le vent martial gèle le blé, le diable danse.  Famine tend son ombre, le rat fait bombance.  La furie hurle à la guerre, le diable danse.  Le bourreau boit au calice de nos souffrances.  La pluie noire, masque la statue victorieuse.  Elle remplit l’encrier du scribe et du comptable.  Les larmes de cette humanité capricieuse, Inondent les rides du vieillard respectable.  Ce vieux soldat épinglé de riches médailles; Pour avoir mérité les honneurs de la paix. Déambule dans cette ville de bataille; Qui laissera en l’état à ses héritiers.  Il ne peut faire la guerre contre les cieux; Il a perdu toute force, pour vivre en paix. Son monde et ses dieux sont devenus bien trop vieux; Pour revoir germer de nouveaux épis de blé.     Quand les dieux noircissent la pluie venue du ciel, N’est-il pas ve

Jardin imaginaire

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Jardin imaginaire: Au geste auguste de l’écriture, ils vous convient à savourer la symphonie d’une poésie. Le gazouillis d’oiseaux savants, l’éclosions des rêves aux pétales fragiles et la saveurs des mots du motier.  Le jardinier du pays imaginaire, sème et récolte en toute terre, tout arbre et toute fleur, grâce aux généreuses plumes des plumiers.  Il est un jardinier, tout simplement.  Le motier.  Après un florilège de rêves défunts, J’ouvre mon esprit sur l’astre à l’éclat divin. Roi soleil au regard bienveillant pour chacun, Cajole le motier branchu de mon jardin. Arbre majestueux aux fruits de nos humeurs. Fruits au verbiage nourricier de la romance.   Mon beau motier aux mots de toutes les saveurs, Offre son ombre aux poètes ivres d’errance.  Les plumiers. A la piaillerie printanière, Sortent de leurs nids les plumiers.  Une aventure imaginaire, Pour volatile du motier.  Migrateurs au riche verbiage,  Oiseaux à la plume savante. Riches de tant de voyages, Pour une écriture éléga

Poisson lune

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Poisson lune. Un prince refusa de siéger sur son trône, Trop pleutre et fainéant pour gouverner un royaume. Trop honnête, pour se culotter à l’envers, Plutôt troubadour, que fils du roi Dagobert.  Alors que « Saint Pierre » le vouait aux croisades, Le Dauphin préféra une ultime escapade. Au grand large, loin des bourrasques du pouvoir, Mais en proie pour les requins et le désespoir,  Le prince alla demander l’exil à Neptune, Qui le transforma aussitôt en poisson lune. Lune poisson du cosmos, poisson du zodiaque. Prince venu de Patmos, île sans monarque.  Saluant, courtois, le poète et le marin, Qui voguent chacun, vers l’horizon incertain.  Mais l’encre de seiche qui écrit l’odyssée, Sur la page blanche, par la houle froissée, Inonde l’océan d’un bleu roi, d’un gris froid. Inonde l’abîme abyssal de mes effrois. Aux confins sans limite de mon infortune, Me sourit la promesse de mon poisson lune.     Promesse d’un vaste océan d’imagi

Crépuscule

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Crépuscule.   A la saint Michel, j’enterre un éclat d’étoile, Au pied d’un chêne roux, au feuillage automnal. Pendant que les âmes sensibles et naïves, Attendent, que leur crépuscule les captive.   Ciel du soir déclinant, des rois et des dieux. Pour les peuples perdus, au chevet de leurs cieux. Cathédrale en feu, un crépuscule d’Eden.  Rouge sang, rouge de guerre pour un seul règne.  La forêt de mes peurs, ombres de mes détresses, Loin des prairies vertes de vos pieuses promesses,   Laisse passé le jour à chacun de mes pas, Vers le chêne roux, gardien de mon « au delà ».  A la saint Michel, je pose un éclat d’étoile, Sur le front d’un prince roux,  au pouvoir martial.  Chef guerrier de mes batailles crépusculaires. Ne suis-je pas le roi de ma vie éphémère ?  Nos princes, nos saints ne sont ils pas les vicaires, De nos gloires, nos défaites et nos misères ?  Dieux et démons sont des pantins en bois de chêne, Marionnettes de nos injustes

Mon île

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Mon île  Sur mon île livrée, aux marées et tourments, J’erre d’ombre en ombre, captif de l’océan.  Bourrasques et ouragans d’amères écumes, Offrent en holocauste mon cœur à la lune.   Je crie aux étoiles qui ne m’entendent pas. Je murmure au ciel azur, qui ne me voit pas. Je scrute l’abîme abyssal et mystérieux, Là où sombre tout matelot aventureux. Loin des villes purgatoires de la survie, De ces ports où charme et amour se négocient. Loin de tous ces destins écrits et planifiés, Des assemblées de pirates et flibustiers.   Sur mon île livrée, aux marées et tourments, J’erre d’ombre en ombre, captif de l’océan.  Bourrasques et ouragans d’amères écumes, Offrent en holocauste mon cœur à la lune.  Entourée de rivages inhospitaliers, Et mon exil n’en devient que plus familier. Dans mon ancien monde où les oiseaux sont en cage ;  N’est ce pas mon retour qui serait un naufrage ?   Là où les témoins de la vie sont momifiés, Je n’ai plus

A la grâce d'Apollon

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AA la grâce d'Apollon A A la Grâce d'Apollon Je suis rescapé des geôles démoniaques, Evadé des abimes de l’inquisition. Troubadour bouffon ignoré des grands monarques, Libre des enfers, à la grâce d’Apollon.  Alors que les anges perdent leurs ailes blanches, Je saigne de mon encre sans perdre ma plume. Le rossignol ne déchoit jamais de sa branche, Qu’après son ultime envol à titre posthume. Je sculpte mon âme comme on pétrie l’argile. J’affranchie l’imaginaire de leur raison,  A ces prélats marchants de fausses évangiles. Je suis un impie, à la grâce d’Apollon. Je ne sculpte pas le marbre, pour leurs tombeaux. Je ne lève pas le glaive pour leur empire. Je ne fige pas dans la pierre, le corbeau, Je ne fige pas la colombe, dans la cire.  A la sonnerie, ils chantent leurs forfaitures, A la grâce de Dieu et en divins sermons. A la sonnerie, j’offre au grand vent, ma voilure, Libre poésie, à la grâce d’Apollon.   Fils de

Théière

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Théière   Cadeau pour un mariage, de la tante Hélène ; Je suis une théière en fine porcelaine. Selon l’humeur, thé de Ceylan ou thé de Chine. Monsieur a un secret que madame devine.  Mais la vie de couple n’est pas des plus pérenne, Pour un simple ustensile en fine porcelaine.    A portée de main mon existence est précaire, Par tumulte de tempétueuses colères.    Je suis pourtant une vaisselle hospitalière. J’infuse l’exotisme de lointaines terres. Je diffuse romantisme et belles manières. « Buvez donc, avant de briser votre théière. » Je préférerais être un lourd pilon de grés, Sentir l’ail et le basilic, les jours fériés.  Jour où tante Hélène régale la famille, Quand les héritiers bien nourris, restent tranquilles.   Et pourquoi pas, une cafetière italienne, Mise à l’écart, une fois les deux tasses pleines.  Je suis la rescapée d’une grosse colère, Pour une accidentelle histoire d’adultère. Pour trahison à la soupière bien-aimée